Menaces pour les champignons mycorhiziens

Comment sont-ils menacés et que pouvons-nous faire pour mieux prendre soin des champignons souterrains de la Terre ?

Dr. Michael Van Nuland
Scientifique en chef des données
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7 février 2025
Cet article explique : 

a) la biodiversité souterraine est largement invisible et constitue la majorité de la biodiversité sur Terre

b) pourquoi cette biodiversité est importante

c) énumère les principales catégories de menaces directes et indirectes pesant sur la biodiversité mycorhizienne souterraine

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Les champignons mycorhiziens sont un élément essentiel des écosystèmes terrestres. Ces organismes anciens forment une relation symbiotique avec les plantes, les aidant à absorber l'eau et les nutriments du sol. En retour, les plantes fournissent du carbone aux champignons. Cette relation mutuellement bénéfique est cruciale pour la santé des écosystèmes souterrains. Malheureusement, les champignons mycorhiziens sont confrontés à de nombreuses menaces. La perturbation des réseaux mycorhiziens peut perturber les écosystèmes de surface qu'ils soutiennent.

On estime que 59 % de la biodiversité planétaire se trouve sous terre. Pourtant, cette diversité cachée est souvent ignorée.

Des recherches récentes estiment que 59 % de la biodiversité de la planète vit sous terre. En ne tenant pas compte des menaces qui pèsent sur les écosystèmes du sol, nous ignorons plus de la moitié de la biodiversité de la planète. La biodiversité souterraine est essentielle pour promouvoir la santé des sols et des écosystèmes en général, et elle fournit un grand nombre de services et de ressources naturelles dont nous dépendons pour former nos économies mondiales et maintenir la vie humaine.

Comprendre les champignons mycorhiziens

Avant de se pencher sur les menaces, il est important de comprendre ce que sont les champignons mycorhiziens et pourquoi ils sont si importants. Il en existe deux types principaux : les champignons mycorhiziens à arbuscules (AMF) et les champignons ectomycorhiziens (EcM). Les AMF pénètrent dans les cellules des racines des plantes, tandis que les EcM forment une gaine autour des racines des plantes. Les estimations de la diversité totale situent les AMF entre 300 et 1600 espèces, tandis que les EcM dépassent probablement les 20 000 espèces sur Terre. Les deux types d'organismes améliorent la capacité de la plante à accéder à des nutriments tels que le phosphore et l'azote, améliorant ainsi la croissance et la résistance de la plante.

L'importance des écosystèmes souterrains

Les écosystèmes souterrains, qui comprennent le sol, les racines et les micro-organismes, jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé des plantes et de la stabilité des écosystèmes. Les champignons mycorhiziens sont un élément clé de ces écosystèmes, car ils facilitent le cycle des nutriments et améliorent la structure du sol. Ils aident également les plantes à résister aux stress environnementaux tels que la sécheresse et les maladies, ce qui les rend indispensables aux systèmes naturels et agricoles.

Nous en savons plus sur la biodiversité de surface que sur la biodiversité souterraine

Nous ne savons pas grand-chose des menaces qui pèsent sur la biodiversité souterraine par rapport à ce que nous savons des menaces qui pèsent sur la biodiversité en surface. Il est évident que si une forêt est coupée à blanc et que les populations d'oiseaux sont suivies dans le temps, leur habitat a été considérablement réduit. Il s'avère beaucoup plus difficile de comprendre et de mesurer précisément l'impact sur la biodiversité souterraine ou fongique. 

Activités directement nuisibles aux champignons mycorhiziens

Il existe des moyens très directs d'influer sur les habitats souterrains au détriment de la biodiversité du sol et de la biodiversité fongique. Il s'agit notamment de la perturbation physique de l'habitat du sol par le travail du sol ou l'élimination des plantes (coupe à blanc), du compactage du sol par le passage d'engins lourds et de l'application directe d'intrants chimiques, tels que les pesticides et les fongicides, qui peuvent avoir un effet négatif sur la diversité et l'abondance des champignons. Nous les décrivons plus en détail ci-dessous.

Perturbation du sol

Des activités telles que la construction, l'agriculture et la déforestation peuvent gravement perturber le sol et endommager ou détruire les réseaux mycorhiziens. Le compactage et l'érosion du sol réduisent l'habitat des champignons, limitant leur capacité à coloniser les racines des plantes ou à construire des réseaux d'hyphes à l'intérieur des sols.

Utilisation de produits chimiques

L'utilisation d'engrais chimiques et de pesticides peut nuire aux champignons mycorhiziens. Un excès d'engrais peut entraîner un déséquilibre des nutriments, réduisant la dépendance de la plante à l'égard des associations mycorhiziennes. Les pesticides, en particulier les fongicides, peuvent tuer directement les champignons mycorhiziens, perturbant ainsi leurs réseaux et les écosystèmes qu'ils soutiennent. L'application directe d'intrants chimiques modifie la dynamique des nutriments dans les systèmes naturellement régulés par les champignons mycorhiziens. De même, l'application de pesticides, d'herbicides ou de fongicides peut avoir un effet extrêmement néfaste sur la diversité et l'abondance des champignons mycorhiziens.

Pollution

Les polluants tels que les métaux lourds et les pluies acides peuvent avoir des effets négatifs sur les champignons mycorhiziens. Ces substances modifient la chimie du sol, le rendant inhospitalier pour les champignons sensibles et les empêchant de former des relations symbiotiques avec les plantes. Mais certains champignons mycorhiziens aident même les plantes à tolérer la contamination par les métaux lourds. L'utilisation de ces champignons symbiotiques en tant qu'outil de biorestauration pour les millions de sites contaminés couvrant 20 millions d'hectares à travers la planète suscite aujourd'hui un intérêt croissant.

Menaces indirectes pour les populations mycorhiziennes

Exemples d'activités indirectes nuisibles à la biodiversité des champignons mycorhiziens souterrains :

  • Réduction de l'habitat 
  • Habitat fragmenté
  • Urbanisation
  • Changement climatique par le biais de changements de température ou de sécheresses 
  • Espèces végétales ou fongiques envahissantes s'introduisant dans une communauté naturelle 
  • Changements dans les populations d'espèces d'arbres forestiers
  • La perte d'habitat par la perte de leur interaction symbiotique et partenariale. 
  • Perte d'habitat, 
  • Perturbations 

Les menaces indirectes peuvent également avoir un impact sur les champignons mycorhiziens en modifiant l'environnement dans lequel ils se développent. Ces menaces comprennent

Changement climatique

Le changement climatique représente une menace importante pour les champignons mycorhiziens. L'augmentation des températures et la modification des régimes de précipitations peuvent altérer les conditions du sol, ce qui affecte la survie et la fonction des réseaux mycorhiziens. En outre, le changement climatique peut entraîner des changements dans les communautés végétales, ce qui a un impact sur la disponibilité des plantes hôtes pour les champignons. En Amérique du Nord, les forêts de pins pourraient perdre jusqu'à ¼ de leurs espèces de mycorhizes et plus de ⅓ des symbioses arbre-mycorhize sont menacées par le changement climatique.

Perte d'habitat

La destruction des habitats naturels réduit la disponibilité d'environnements appropriés pour les champignons mycorhiziens. Lorsque les forêts, les prairies et d'autres écosystèmes sont convertis pour l'agriculture ou le développement urbain, les champignons perdent des habitats essentiels, ce qui entraîne un déclin de leurs populations.

Espèces envahissantes

Les espèces végétales envahissantes peuvent perturber les communautés de plantes indigènes et les réseaux mycorhiziens qui leur sont associés. Ces envahisseurs forment souvent différents types d'associations mycorhiziennes ou n'en forment pas du tout, ce qui modifie le cycle des nutriments et réduit la résilience des écosystèmes souterrains.

Ce que nous pouvons faire pour protéger les réseaux mycorhiziens

Compte tenu de l'importance des champignons mycorhiziens pour la santé des écosystèmes, il est essentiel de prendre des mesures pour encourager, préserver et défendre la protection de ces réseaux.

Conservation des habitats

La conservation des habitats naturels est essentielle à la préservation des réseaux mycorhiziens. La protection des forêts, des prairies et d'autres écosystèmes garantit que les champignons disposent des environnements dont ils ont besoin pour prospérer. Le soutien aux projets de reforestation et de restauration des habitats peut également contribuer à reconstruire les réseaux mycorhiziens endommagés.

Pratiques agricoles durables

La mise en œuvre de pratiques agricoles durables peut contribuer à protéger les champignons mycorhiziens. Il s'agit notamment de réduire le travail du sol, de minimiser l'utilisation de produits chimiques et d'incorporer des rotations de cultures. Les méthodes d'agriculture biologique, qui privilégient la santé des sols et la biodiversité, sont particulièrement bénéfiques pour les champignons mycorhiziens.

Lutte contre la pollution

La réduction de la pollution est vitale pour la santé des champignons mycorhiziens. La mise en œuvre de politiques visant à limiter les émissions de substances nocives et la promotion de pratiques durables de gestion des déchets peuvent contribuer à préserver la qualité des sols et à soutenir les populations mycorhiziennes.

Recherche et éducation

Des recherches continues sont nécessaires pour mieux comprendre les interactions complexes entre les champignons mycorhiziens et leur environnement. En investissant dans des études scientifiques, nous pouvons développer des stratégies de conservation plus efficaces. En outre, l'éducation du public sur l'importance des champignons mycorhiziens peut sensibiliser le public et encourager les actions qui soutiennent leur préservation.

Conclusion

Les champignons mycorhiziens sont des composants essentiels des écosystèmes souterrains, jouant un rôle crucial dans la santé des plantes et le cycle des nutriments. Cependant, ils sont confrontés à de graves menaces, à la fois directes et indirectes, qui peuvent perturber leurs réseaux et les écosystèmes qu'ils soutiennent. Il est important de penser non seulement aux perturbations physiques des environnements du sol, mais aussi à tous les phénomènes indirects qui se produisent en surface et qui peuvent avoir un impact sur les champignons mycorhiziens, comme l'exposition à la pollution et l'augmentation de la température. Dans de nombreux cas, les scientifiques observent que les champignons mycorhiziens sont sensibles aux impacts tels que la perte d'habitat, les perturbations ou le changement climatique et l'urbanisation.

Nous devons développer des outils permettant d'avoir une vision globale des lieux où se concentrent les menaces qui pèsent sur la biodiversité souterraine.

Nous manquons actuellement d'une perspective globale sur les endroits où les menaces directes et indirectes sont les plus concentrées pour la biodiversité souterraine. Nous devons développer des outils ou des pipelines analytiques pour nous aider à localiser les endroits où les menaces sont les plus concentrées pour la biodiversité souterraine. Nous devons ensuite assurer un suivi dans le temps, comme nous le faisons pour les écosystèmes forestiers avec la surveillance par satellite. Nous avons mis en place des systèmes de surveillance de la biodiversité et de la perte d'habitat en surface, mais nous ne disposons pas d'outils et de méthodes similaires pour la biodiversité souterraine,